Habituellement je ne partage pas ma vie perso sur ce blog, mais il était important pour moi de vous partager ce que j’ai découvert à travers cette histoire.

Je vous souhaite une belle et douce lecture.

Cette histoire a commencé il y a 15 ans, même si en réalité elle a commencé le jour de ma naissance.

C’est l’histoire d’une femme née en 1925, qui m’a accompagnée pendant mon enfance et que j’ai eu la chance d’accompagner à mon tour jusqu’à son dernier souffle.

Je connais bien le sujet de la naissance à domicile, j’ai découvert celui de la fin de vie à domicile. J’y ai trouvé beaucoup de similitudes.

Mamie a partagé une grande partie de ma vie, de nombreux mercredis, des vacances, le jardin, la fête des loges, la couture, des vacances, 1 année au lycée… et bien d’autres choses encore.

En 2007, alors que je deviens maman pour la première fois,  elle commence à avoir besoin d’aide physique, pour conduire, puis pour ses papiers, faire ses courses…chaque année qui passe fait évoluer son besoin.  Nous partageons du temps.

En 2016, je deviens maman pour la troisième fois et mamie se déplace difficilement dans sa maison maintenant. Elle a besoin d’aide pour son quotidien, sa toilette, les repas, les rdv médicaux. Je ne suis pas seule, ma mère, des aides familiale, le kiné, son fils…elle est bien entourée.

J’y suis tous les jeudis à l’exception de mes départs en vacances, je prends soin d’elle et de son jardin.

Avec le temps, l’aide pour prendre sa douche, se transforme en une toilette intégrale sur le lit, suivie d’un massage.

En 2020, il n’est plus question de la faire sortir de chez elle, trop douloureuse pour cela.

Nous avons toujours le sentiment qu’elle va bientôt partir, que son corps se met en off et elle ne demande que ça depuis 2018.

Mamie est adhérente à l’ADMD (Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité). Grace à cela elle pourrait grâce à cela, choisir de partir à l’étranger et organiser son départ. Mais ce n’est pas son choix, elle aimerait partir dans son sommeil “sans le savoir et sans souffrir ».

Samedi 12 février 2022 maman m’appelle et me demande de venir, mamie a du mal à respirer, maman et tonton imaginent la solution de l’hospitalisation comme le moyen logique pour résoudre sa détresse. Mais nous savons tous que si elle part là-bas, elle ne reviendra pas. Et mamie ne souhaite pas aller à l’hôpital. SOS médecin est injoignable, il nous faudra passer par le médecin conseil du SAMU pour qu’il nous soit envoyé un médecin 4 heures après nos premiers appels. Mamie est mise sous oxygène, ça la soulage, elle se sent mieux, elle peut dormir tranquillement chez elle.

16 février les retours d’analyses sanguine reviennent et confirment que c’est le cœur qui fatigue.

17 février c’est jeudi, je suis là comme chaque semaine, mamie fait sa première crise de douleur, je suis seule avec elle et cela met une heure à passer, en cumulant des anti-douleurs comme indiqué par son médecin (spécialisé en gériatrie et anti-douleur) et finisse par s’endormir d’épuisement.

18 février je remplace l’aide du midi et lui prépare plein de petits plats sans sel.

19 février, je sors de mon soin rituel rebozo quand je découvre les appels de maman. Mamie a de nouveau une crise de douleur et son corps rejette toute nourriture.
Nous avons la chance de voir revenir le même médecin, de SOS médecin, qui comprend très vite que c’est la fin, que l’objectif maintenant est de lui permettre de partir en douceur (cela fait déjà deux mois quand je vous écris ce texte et l’émotion est toujours aussi forte. On a beau s’y préparer, ça fais mal).
Mamie est mise sous perfusion, d’anti-douleur et de valium pour la soulager et la détendre. Elle reste lucide et nous reconnait tous. Nous prévenons les proches qui peuvent venir la voir, nous savons que c’est une question d’heure ou de jours. Moi je sais que je ne partirais que quand elle sera partie à son tour.
Le soir, je dîne chez mamam dans sa maison toute proche, pendant que mon oncle veille. Quand je reviens pour passer la nuit avec elle, elle n’aura ni réclamé à manger, ni sa télé habituelle. Je pensais qu’elle passerait la nuit dans son fauteuil ou elle est avachie, par manque de force mais je la vois faire des tentatives pour se lever !

Je saurais avec le recul que ce regain d’énergie est celui du dernier souffle.

Je l’aide à s’installer dans son lit en la souportant et en jonglant avec tous ses branchements (d’oxygène et perfusion), elle s’installe en position foetale puis s’endort paisiblement. 

A mon tour, je me couche auprès d’elle et je m’endors, d’un sommeil entrecoupé de réveil, à l’écoute de sa respiration.

20 février 2022 à 7h20,  je sais que c’est fini, je n’entends plus sa respiration, son cœur fatigué s’est arrêté. Elle à 96 ans.
Elle est morte chez elle, dans son sommeil et entourée des siens comme elle le voulait.

Je lui fais un gros câlin, je pleure… puis  j’appelle ma maman, mon oncle et l’infirmière.

Avec maman et l’infirmière nous la déployons, nous lui faisons une toilette, installons une serviette enroulée sous son menton pour maintenir sa bouche fermée.

Nous refaisons venir SOS médecin (mais ce n’est pas le même cette fois) pour attester de son décès, il n’osera même pas la regarder tellement la mort lui fait peur !

Nous restons auprès d’elle jusqu’à 17h que les pompes funèbres viennent la chercher.

Je n’avais pas peur de la mort, mais je ne pensais pas que la mort pouvait être belle, je l’ai découvert grâce à elle.

Nous nous sommes offert un beau cadeau mutuel, elle me manque profondément, je la garde dans mon coeur.

(Cette photo ci-dessous a été prise 3 jours avant sa mort)

Mille douceurs à ma petite mamie d’amour, qui m’aura transmis beaucoup de choses jusqu’a la fin de sa vie.

L’Association ADMD, milite pour que chaque Française et chaque Français puisse choisir les conditions de sa propre fin de vie.

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